L' Espérance
Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance,
Et je n'en reviens pas.
Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle.
C'est elle, cette petite, qui entraîne tout.
Car la Foi, ne voit que ce qui est.
Et elle, elle voit ce qui sera.
La charité, n'aime que ce qui est.
Et elle, elle aime ce qui sera.
L'Espérance voit ce qui n'est pas encore et qui sera.
Elle aime ce qui n'est pas encore et qui sera.
Dans le futur du temps et de l'éternité.
Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé.
Sur la route montante.
Traînée, pendue aux bras des ses deux grandes soeurs, qui la tiennent par la main,
La petite espérance, s'avance.
Et au milieu entre ses deux grandes soeurs elle à l'air de se traîner.
Comme une enfant qui n'aurait pas la force de marcher.
Et qu'on traînerait sur cette route malgré elle.
Et en réalité c'est elle qui fait marcher les deux autres.
Et qui les traîne,
Et qui fait marcher tout le monde.
Et qui le traîne.
La foi que j'aime le mieux, dit Dieu, c'est l'epérance.
Charles Péguy
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